Hier soir, comme souvent ici, il a plu. Donc au petit matin, lorsque le soleil s'installe, une couche de brume se leve des collines pour se disperser dans le ciel. Lorsque nous partons a pied pour le Monastere de Moldovita, c'est une veritable feerie campagnarde qui nous entoure. Merveille, feerie, magie ... je me repete mais c'est le quotidien de mon voyage.

Dans la journee nous enchainons 2 monasteres, dont les peintures murales sont absolument... magnifiques !

Avec Fabien nous avons decide de changer l'itineraire previsionnel et de tenter un periple en Moldavie ... donc direction suceava et d'autres nouvelles dans les prochains articles ...

Entre ces deux regions merveilleuses du nord de la Roumanie, il y a le "Prislop Pass", un col en altitude ou presque personne ne passe. Le probleme : c'est le seul passage possible ! D'autres voyageurs rencontres a Sighet ont renonce a aller en Bucovine. Et bien nous, nous choisissons encore une fois le stop et c'est a l'arriere d'un camion forestier, au milieu de la sciure, de la terre et du cambouis que nous franchissons ce col magnifique !

Nous arrivons le soir a Moldovita chez famille Roumaine, les yeux encore une fois emerveilles par le paysage.

Ce matin, enfin Fabien me rejoint et nous partons vers l'Est , sac sur le dos. En effet, en restant a Sighet, j'etais un peu frustre de ne pas visiter les Maramures en leur coeur. Nous decidons donc de progresser en stop, avec tout notre barda sur le dos, et hop au petit bonheur la chance...

Ce sera une journee inoubliable. Tout d'abord Barsana et son monastere (la photo) que nouys atteignons dans la benne d'un pick-up, puis, laissant la grande route, une balade de 10 km a travers la campagne pour des paysages a couper le souffle (comme si j'en avais besoin avec 10 kilos sur le dos) entre Botixa et Poeinile. Les villageois sont tels qu'on les annonce : une dame nous croise et nous invite a visiter sa maison pour boire un cafe: on n'avait rien demande. Ou a l'approche du soir, on demande a quelqu'un sur la route si il ya une chambre quelquepart, il prend sa voiture pour nous y emmener !

Nous voila a Borsa.

Ce matin, il pleut. J'avais l'intention de faire une balade en velo, mais vu le temps qu'il fait, et quil est difficile de louer un velo, je renonce. D'autant que fabien doit normalement me rejoindre aujourd'hui.

Je decide de tenter un peu plus le stop et de visiter Vadu Izei, le village le plus proche, car Sighet est tout de meme une ville et ainsi pas vraiment le coeur des Maramures. Assez facilement (aller ou retour), les gens me prennent en stop gratuitement ou pour quelques menus lei.

Je deambule dans les hameaux pour quelques photos memorables. Les gens ont tendance a sortir sur le pas de leur porte et sont amuses autant que moi d'etre pris en photo. Il se remet a pleuvoir donc je rentre pour dejeuner.

L'apres-midi, comme le temps est maussade, je decide de chercher un livre a lire et d'attendre Fabien a l'auberge. Malheureusement, dans toutes les librairies de Sighet, pas moyen de trouver un livre en francais ou en anglais ! Je decide donc de me reposer en ecoutant de la musique dans mon lit.

Finalement, Fabien reste bloque a Satu Mare. Tant pis , demain je pars vers l'Est en auto stop, il devra me rejoindre. Le soir, en payant a mon auberge, je recois de la petite fille de la maison un dessin avec un gros coeur. Ainsi l'hospitalite se transmet bien entre les generations. Ce petit dessin m'a touche et a eclaire une journee assez triste.

Beaute :

Ce matin, je pars pour Sapanta. Je partage un taxi avec des francais. Il y a trop de francais en Maramures, mais bon, j'en suis (francais bien sur, pas de malentendu!). Sapanta (cf photo) c'est un village dont le cimetierre est compose de tombes dont les croix de bois magnifiques (sculptees et peintes) racontent, souvent avec ironie, la vie des personnes passees a trepas. C'est magnifique, et ca raconte en image tous les metiers de la Roumanie de ces 50 dernieres annees. Les femmes sont tisserandes, cuisinieres, meres, les hommes sont bucherons, bergers, faucheurs, parfois instituteur. Quelques insolites aussi ... Bref une vrai histoire en images. Ensuite, je n'oublie pas de marcher vers l'eglise orthodoxe en construction. En ce moment, c'est la guerre entre les differentes eglises a qui aura le plus bel edifice. Les habitants de Sapanta construisent un eglise toute en bois de 75 m de haut. C'est hallucinant. Le chantier de construction, c'est une menuiserie traditionnelle ! Tous les outils sont en bois !

Tristesse :

L'apres-midi, je decide de visiter la prison de Sighet, au centre ville ou sejournerent ou mourrurent nombre d'opposants politiques au regime communiste. Moment poignant et instructif : poignant car on decouvre comment des hommes ont pu souffrir dans des geoles inhumaines et instructif sur l'histoire de la Roumanie. Ce que j'ai compris, c'est qu'au sortir de la guerre, la Roumanie n'etait pas plus communiste que la france (environ 30%) mais qu'elle s'est trouve dans le mauvais camp lors du partage de Yalta et que la machine infernale sovietique a etouffe ce pays a coup d'elections truquees, d'executions politiques.

Auschwitz, Sighet, Gantanamo, Abou-Ghraib: plus jamais ca !